Les poèmes que nous offrent Anne Brouan, dans son recueil « Amers déserts », cueillent des instants de vie et d’humanité.
Les poèmes comme dans un miroir déformant, dévoilent l’amour dévoyé de nos âmes et nos pensées égoïstes. Le monde des rêves vient s’affronter au monde amer de la réalité, ses poèmes déroulent les misères et les horreurs de notre siècle comme une longue litanie. Les hommes meurent sur les routes de l’espoir en tentant d’échapper à la barbarie, à la guerre.
Poésie vigilante, poésie mémoire : ce que nous offre Anne d’un passé encore brûlant. Les hommes dominent par la violence, et les violences ont traversé l’humanité. La poésie nous fait sentir ce que les armes de la domination font subir aux humains, en étouffant leurs cris. La dramatique fuite d’une terre pour une autre inconnue est une partie de soi que l’on laisse dans le passé comme une neige qui couvre les chants de nos histoires. Chaque homme qui fuit laisse une part de lui-même, de ses maux cloués dans les mots d’un épais silence.
« Même les prières engourdies pleurent l’espérance piégée dans la glace de cette mémoire ».
Anne Brouan nous fait voir la réalité de ce monde qui se rattache aux blessures du passé. Et celui-ci git encore sous nos pas et ce sont les fantômes qui surgissent de l’histoire que l’on nomme : civilisation !
Michel Bret