Hélène Sanguinetti

Hélène Sanguinetti, née à Marseille, passe sa jeunesse dans la fréquentation continue de la mer, de la poésie et de la peinture. Professeur de Lettres, chargée de mission pour la poésie en Lorraine, elle revient en 1990 en Provence où des liens déterminants (René Char, Salah Stétié) la confortent définitivement dans une écriture restée jusque-là confidentielle.

En 1999, Yves di Manno, directeur de la collection Poésie/Flammarion, publie son premier livre, De la main gauche, exploratrice.

Son œuvre est traduite et publiée notamment aux États-Unis et en Allemagne.

Elle participe à plusieurs anthologies, festivals, entretiens en France et à l’étranger.

Très attirée par les recherches visuelles et sonores, par le chant, les rythmes, elle aime risquer le poème avec d’autres expressions artistiques et l’incarner en direct en public par la voix et le corps. Elle maintient aussi, entre son travail de la terre, fascination ancienne, et celui de son écriture, un dialogue primordial à l’origine sans doute du peuple dont ses livres sont parcourus.

Elle vit en Arles.

Bibliographie sélective :

  • D’ici, de ce berceau, Flammarion, 2003
  • Hence this craddle,traduction d’Ann Cefola, Otis Books, USA, 2007
  • Le Héros, Flammarion, 2008
  • The Hero, traduction d’Ann Cefola, Chax Press, USA, 2018
  • (Une pie)Publie.net, 2009
  • Toi, tu ne vieillis plus, tu regardes la montagnePublie.net, 2009
  • Et voici la chanson, L’Amandier, 2012
  • Alparegho, Pareil-à-rien, L’Amandier, 2015 (1e édition, L’Act Mem, 2005)
  • Domaine des englués (suivi de 6 réponses à Jean-Baptiste Para), La Lettre volée, 2017

Dernières publications :

  • Livre :  Et voici la chanson, Lurlure, octobre 2021 (réédition)
  • Revue : « Jadis, Poïena (une poème) » in sprung rhythm,  Monologue, décembre 2021

              « Petites publications à, » in Catastrophes, n°26, octobre 2020

  • Entretien : « la faim, la joie » entretien mené par Guillaume Condello, « La vie en prose », Catastrophes n°26, octobre 2020
  • Anthologie : Achter-bahn / le grand 8, Wallstein et Le Castor Astral, décembre 2017.
Hélène Sanguinetti

Quelques textes d’Hélène Sanguinetti

(extrait de Et voici la chanson, Lurlure, 2021, p.45-46)

JOUG 3

Il est 18h 35

dans la cabane

aucune nouvelle

le ciel est gris il y a du vent un peu de vent

ciel gris bleuté une mouche grésille contre

la lampe le ventilateur de

la mûrisserie fait un bruit d’enfer

Il est 18h 39 d’aucune nouvelle

18h 40

de Corbeau

un-peu-de-vent

ce-n’est-pas-une-mouche-

insecte-long-ailé-pas-beau-pas-exprès

le ventilateur fait

beaucoup de bruit

pas beaucoup

mais trop

9h 21 il pleut quelques

gouttes sur la cabane

elle sent

ciel gris avec du vent un peu

le même

9h 23-Balancement

des feuillages

loin Afrique ?

non pas loin, pas très, croyait

avion c’était oiseau 16h 39

c’était

avion tornade de jardin

légitime

Aux

Paupières du

soldat – dort à l’envers dans le métro

Au

riche cœur écrasé sur la vitrine – une Mouche

Danseuse-Mouche-de coin collante et revient

sur le soldat met ses Lunettes Sales

de travers

Quel désespoir est entré depuis !

la roche avec bave poils crocs

LÂCHEZ  LES  CHIENS

LÂCHEZ  LES  CHIENS

LÂCHEZ  LES  CHIENS

LÂCHEZ  LES  CHIENS

Ne pas cesser mordre

poids, tout. Muscles, des Tas.

Hurlaient. Hurlements.

Animaux8.

8 : danseurs aussi parfois            

TEXTE 2

(extrait de « Chant de Vieil-Amour enrubanné » in Domaine des englués, La Lettre volée, 2017, p.133-137)

4 │

Vieil-Amour veut

que poitrine n’étouffe pas

que langue se soulève

pas pourrir

sortir frais!

5 │

Ne mourra pas

Rajeunira

Ne le croit pas

S’envolera

où est Mandrake

de temps infans

du bras géant touche

nuage s’accroche

au vent

Or la terre ce jour-là avait

tremblé, une vague terriblement

percé le rocher, quel bruit de

gouffre vorace, brrrree  brrrree

le lustre a bougé,

dans la salle à manger

le plancher, tous les meubles,

dansaient un peu

Passer sur le pont

devint souvenir

comme le reste

Je ferme le torchon, plaintes,

peines à l’intérieur, caché

dans le placard l’argent

d’une semaine et sa bague

de fiançailles si je pouvais

la retrouver enfouie

dans la farine

Se sauver Piquer des deux

quelques verstes, bonjour Bataille,

Père bonjour, quelques verstes

plus loin une rencontre capitale

avec l’histoire, leur folle sœur,

et tous Fils, les Rusés : de la nuit –

du dessous – Sainte Pute fils de

le sien, le préféré, plus que maigre

sous tablier, Souliers vernis

® Souvenir comme le reste

6│

Ne pas mourir

ne, Veut, pas, mourir

mourir mais vif

ainsi courir se dérater

du couru Et transpire tombe

au pied d’un arbre marronnier

en fleurs de sa vie,

Harmonie tue –

équilibre tue

repos tue,

oh oh  nerfs,

6  muscles, tendons de

chameau éventré sur le bord,

mais, gazelle, par, chance, enfuie,

capsule plus qu’humaine,

tympan, marteau, époux de coude,

de front, iris conjugué, conquis

Sortez de vos caissons !

7│

STOP. Veux sortir

frémir couiner gogoter

dulciner  passer les bras

plaquer le très grand frisé

hop la montagne

de l’autre côté

embarquer sur ton derrière

oiseau, à califourchon,

planter mes griffes, ah,

ne, pas, tomber,

Merci à Hospitalité légendaire

du conte, à

Hospitalité légendaire des

plumés chanteurs, à

Hospitalité légendaire de la

promenade au ciel,

allons !

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