François Charvet

40 ans

Études de lettres modernes.

Vit dans la région lyonnaise.

Publications :

  • Il bleu du puits, éditions Chloé des lys, 2011
  • D’esquifs en bouquets de sable, éditions l’Harmattan, 2013
  • Par quel ressac, éditions Les solicendristes, 2014
  • L’eau la langue, éditions Raphael de Surtis, 2016
  • Foyers de paille, éditions Raphael de Surtis, 2016
  • Miroirs en échos, éditions Le Réalgar, 2019
  • Portrait à la table, éditions Raphael de Surtis, 2022

Des publications dans des revues dont Verso, Traction Brabant, Voix d’encre, Les hommes sans épaules…

Quelques textes de François Charvet

Pourquoi sa solitude plutôt qu’une autre.

Ce flocon déposé sur la foule

place Bellecour

le temps de fondre sur ma langue

mes regards qu’elle ne rencontre pas une seule fois,

comme en sursis dans l’entre-nous tous

inconnus

agglutinés

et ne sachant qu’attendre de la nuit qui s’immisce

de la grande roue éclairée

et de cette rumeur que draine la sortie des bureaux.

Pourquoi sa quarantaine.

Sa taille moyenne 

et ses talons appliqués.

Ses cheveux conformes.

Veste et pantalons à se mêler aux trottoirs

et le plus possible

ne pas éveiller de reflets aux vitrines.

Mais elle ne porte pas la tête basse.

Et si ses yeux semblent fouiller le sol

devant elle

à une juste mesure de ses pieds

ils ne m’apparaissent pas fuyants

mais d’une ligne précieuse

enclose

d’un écart léger qu’elle s’octroie ;

absente

en elle-même dans cet ailleurs si familier

intraduisible

comme inconsciente de ce qui la frôle ;

d’une musique d’elle seule audible ;

son magnétisme 

et l’espace qu’elle repousse.

Je me demande pourquoi elle s’est arrêtée devant l’attraction

elle qui semble ne pas la voir.

Et pourquoi repartir.

Ma sensation de vivre une personne rare,

l’incarnation de chair

d’un personnage de Modiano.

D’un dernier coup d’œil qui ne la retrouve pas

rendue à son passé d’encre trouble

et à son absence de destin.

Aux vents d’une vie privée d’héroïne.

Des mots qui ne mordent que leur soif d’indicible

et de romans aux figures indistinctes.

Sa recherche d’une respiration

altière

perdue dans les solitudes de son trésor. 

(extrait de Miroirs en échos, le Réalgar éditions 2019 )

Rien de particulier.

Rien à dire de particulier.

Des gens passent à côté de moi

et il est impossible de dire

celui qui se retournera pour m’embrasser

ou celui qui me donnera un coup de fusil.

Cela est très banal.

Les journaux sont remplis de morts qui ce matin même

comme moi

s’étaient levés en vie.

Il n’y a pas de raisons cachées.

En général,

les gens ne sont pas responsables de leur mort

et encore moins de leurs amours.

La plupart du temps,

je songe que Dieu

dans sa grande force de persuasion

a fini par user tous ses arguments ;

et que la poésie

dernier bastion

pourrait bien demain être à la une,

comme la jeune fille que l’on a retrouvé morte

hier soir

devant chez moi,

cette jeune fille qui ne se trouvait rien de particulier

mais qui brillait dans tous les regards

sans que jamais ils n’osent lui dire un seul mot.

(extrait de Portait à la table éditions Raphaël de Surtis 2022 )

                                                                        §

Les mots qui se voudraient

et qui restent en deçà des mots

qui se disent,

comme un sillage

me préservent dans l’écume

le sens de la traversée.      

(extrait de Etats des mots recueil inédit 2022 )

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *