textes de Cécile Guivarch

une toute petite photo est cachée

dans une boîte

(il pleut toute la journée)

 

elle revient

de dos dans le jardin

 

je la vois à la fenêtre

comme si on avait à se dire au revoir

 

personne ne pleure

une ombre de dos dans le jardin

 

*

 

(on aurait pu)

aussi longtemps que les plantes repoussent

se transporter à califourchon

 

un jardin et deux enfants

l’une et l’autre se balancent

se touchent les bouts des pieds

 

comme si on avait rêvé depuis ce temps-là

de l’histoire que nous venions d’ouvrir

 

*

 

peut-être que tout a été inventé

 

deux enfants se racontent des histoires

on ne sait jamais

 

peut-être nous nous sommes inventées

ou bien c’est moi

 

elle n’a jamais existé

 

*

 

le ciel la nuit est le même

et son au revoir à la fenêtre

une invention

 

à trop l’attendre

jamais elle revient

 

il faudrait suspendre le temps
jouer parmi les fleurs

 

*

 

plus de nous de ces années-là

nous étions  à peine écloses

 

c’est sûrement inventé

 

rien ne tremble
nous n’avions pas froid

(ou je ne m’en souviens pas)

 

*

 

elle disait chat noir corbeaux échelles

la terre peut bien bouger

elle bouge et puis elle meurt

un peu chaque jour

 

comment irons-nous encore dans ce jardin

qui ne ressemble guère à celui que nous connaissions

 

des cailloux poussent à la place des fleurs

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