Marilyne Bertoncini

Biographie

Enseignante, poète et traductrice (français, italien), codirectrice de la revue numérique Recours au  Poème, à laquelle elle participe depuis 2012, membre du comité de rédaction de la revue Phoenix, collaboratrice des revues Poésie/Première et la revue italienne  Le Ortiche, où elle tient une rubrique, “Musarder“, consacrée aux femmes invisibilisées de la littérature, elle, anime à Nice des rencontres littéraires mensuelles consacrées à la poésie, Les Jeudis des mots dont elle tient le site jeudidesmots.com.

Titulaire d’un doctorat sur l’oeuvre de Jean Giono, autrice d’une thèse, La Ruse d’Isis, de la Femme dans l’oeuvre de Jean Giono,  a été membre du comité de rédaction de la  revue littéraire RSH « Revue des Sciences Humaines »,  Université de Lille III,  et publié de nombreux essais et articles dans diverses revues universitaires et littéraires françaises et internationales : American Book Review, (New-York), Littératures (Université de Toulouse), Bulletin Jean Giono, Recherches, Cahiers Pédagogiques… mais aussi Europe, Arpa, La Cause Littéraire…

Un temps vice-présidente de l’association I Fioretti, chargée de la promotion des manifestations culturelles de la Résidence d’écrivains du  Monastère de Saorge, (Alpes-Maritimes), a monté des spectacles poétiques avec la classe de jazz du  conservatoire et la mairie de Menton dans le cadre du Printemps des Poètes, invité dans ses classes de nombreux auteurs et éditeurs (Barry Wallenstein, Michael Glück…), organisé des ateliers de calligraphie et d’écriture (travaux publiés dans Poetry in Performance NYC University) ,

Ses poèmes (dont certains ont été traduits et publiés dans une dizaine de langues)  en recueils ou dans des anthologies se trouvent aussi en ligne et dans diverses revues, et elle a elle-même traduit et présenté des auteurs du monde entier.

Parallèlement à l’écriture, elle s’intéresse à la photographie, et collabore avec des artistes, plasticiens et musiciens.

Marilyne Bertoncini

Sites :

minotaur/A :  http://minotaura.unblog.fr, jeudidesmots.com,

chaine youtube : https://youtube.com/user/mabepinice

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publications récentes :


Il Libro di Sabbia, Bertoni ed. (à paraître, septembre 2022)

-Aub’ombre/Alb’ombra, (bilingue) photos de Florence Daudé, éd. PVST ? 2022

– La Plume d’Ange, peintures d’Emily Walcker, éd. Chemins de plume, Nice, mai  2022

– XXL..S, ed. L’Atelier du Grand Tétras (avril 2022)

-Son Corps d’ombre, avec des collages de Ghislaine Lejard, éd. Zinzoline, mai 2021

-La Noyée d’Onagawa, éd. Jacques André, février 2020 (1er prix Quai en poésie, 2021)

-Sable, photos et gravures de Wanda Mihuleac, éd. Bilingue français-allemand par Eva-Maria Berg, éd. Transignum, mars 2019 (NISIP, édition bilingue français-roumain, traduction de Sonia Elvireanu, éd. Ars Longa, 2019)

-Memoria viva delle pieghe, ed. bilingue, trad. de l’autrice, ed. PVST. Mars 2019 (premio A.S.A.S 2021 – associazione siciliana arte e scienza)

-Mémoire vive des replis, texte et photos de l’auteure, éd. Pourquoi viens-tu si tard – novembre 2018

-L’Anneau de Chillida, Atelier du Grand Tétras, mars 2018 (manuscrit lauréat du Prix Littéraire Naji Naaman 2017)

-Le Silence tinte comme l’angélus d’un village englouti, éd. Imprévues, mars 2017

-La Dernière Œuvre de Phidias, suivi de L’Invention de l’absence, Jacques André éditeur, mars 2017.

-Aeonde, éd. La Porte, mars 2017

-La dernière œuvre de Phidias –  453ème Encres vives, avril 2016

-Labyrinthe des Nuits, suite poétique – Recours au Poème éditeurs, mars 2015

Ouvrages collectifs

– Mots de paiX et d’espérance, textes choisis par Marilyne Bertoncini, ed. Oxybia (à paraître)

– Ephéméride, feuilles détachées, une anthologie, textes choisis par Marilyne Bertoncini, Franck Berthoux et Patrick Joquel, ed. PVST ? 2022 – dont préface

Antologia Parma, Omaggio in versi, Bertoni ed. 2021

– Mains, avec Christine Durif-Bruckert, Daniel Régnier-Roux et les photos de Pascal Durif, éd. du Petit Véhicule, juin 2021

Re-Cervo, in Transes, ouvrage collectif sous la direction de Christine Durif-Bruckert, éd. Classiques Garnier, 2021

-Je dis désirS, textes rassemblés par Marilyne Bertoncini et Franck Berthoux, éd. Pourquoi viens-tu si tard ? Mars 2021

Voix de femmes, éd. Plimay, 2020

Le Courage des vivants, anthologie, Jacques André éditeur, mars 2020

– Sidérer le silence,  anthologie sur l’exil – éditions Henry, 5 novembre 2018

– L’Esprit des arbres, éditions « Pourquoi viens-tu si tard » – à paraître, novembre 2018

– L’eau entre nos doigts, Anthologie sur l’eau, éditions Henry, mai 2018

Trans-Tzara-Dada – L’Homme Approximatif , 2016

– Anthologie du haïku en France, sous la direction de Jean Antonini, éditions Aléas, Lyon, 2003

Traductions de recueils de poésie

– Aujourd’hui j’embrasse un arbre, de Giovanna Iorio, éd. Imprévues, juillet 2021

Soleil hésitant, de Gili Haimovich, éd. Jacques André , avril 2021

Un Instant d’éternité, Nello Spazio d’un istante, Anne-Marie Zucchelli (traduction en italien) éd ; PVST, octobre 2020

Labirinto delle Notti (inedito – nominé au Concorso Nazionale Luciano Serra, Italie, septembre 2019)

– Tony’s blues, de Barry Wallenstein, avec des gravures d’Hélène Bauttista, éd. Pourquoi viens-tu si tard ?, mars 2020

Instantanés, d‘Eva-Maria Berg, traduit avec l’auteure,  éditions Imprévues, 2018

Ennuage-moi, a bilingual collection , de Carol Jenkins, traduction Marilyne Bertoncini, River road Poetry Series, 2016

Early in the Morning, Tôt le matin, de Peter Boyle, Marilyne Bertoncini & alii. Recours au Poème éditions, 2015

Livre des sept vies , Ming Di,  Recours au Poème éditions, 2015

Histoire de Famille,  Ming Di, éditions Transignum, avec des illustrations de Wanda Mihuleac,  juin 2015

Rainbow Snake, Serpent Arc-en-ciel, de Martin Harrison Recours au Poème éditions, 2015

Secanje Svile, Mémoire de Soie, de Tanja Kragujevic, édition trilingue, Beograd 2015

– Tony’s Blues de Barry Wallenstein,  Recours au Poème éditions, 2014

Livres d’artistes (extraits)

Ecrire, c’est résister, ouvrage collectif sur les collages de Ghislaine Lejard, 2022

La Petite Rose de rien, avec les peintures d’Isolde Wavrin, « Bande d’artiste », Germain Roesch ed.

Aeonde, livre unique de Marino Rossetti, 2018

Æncre de Chine, in collection Livres Ardoises de Wanda Mihuleac, 2016

Pensées d’Eurydice, avec  les dessins de Pierre Rosin :  http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-pierre-rosin/

Île, livre pauvre avec un collage de Ghislaine Lejard (2016)

Paesine, poème , sur un collage de Ghislaine Lejard (2016)

Villes en chantier, Livre unique par Anne Poupard (2015)

A Fleur d’étang, livre-objet avec Brigitte Marcerou (2015)

Genèse du langage, livre unique, avec Brigitte Marcerou (2015)

Daemon Failure delivery, Livre d’artiste, avec les burins de Dominique Crognier, artiste graveuse d’Amiens – 2013.

Collaborations artistiques visuelles ou sonores (extraits)  –

vidéos visibles sur les chaînes YouTube personnelle

ou des revues Recours au poème et jeudidesmots

Aub’ombre/Alb’ombra, lecture-performance et chant avec Constantin Vialle, Nantua, 9 juillet 2022

La Noyée d’Onagawa, lecture-performance – musique avec la violonniste Sophie Allain – festival Journées Poët-Poêt mars 2022 – journées de parole d’Aiglun, août 2020

Damnation Memoriae, la Damnation de l’oubli, lecture-performance mise en musique par Damien Charron, présentée pour la première fois le 6 mars 2020 avec le saxophoniste David di Betta, à l’ambassade de Roumanie, à Paris.

– Sable, performance, avec Wanda Mihuleac, 2019 Galerie Racine, Paris et galerie Depardieu, Nice.

–  L’Envers de la Riviera  mis en musique par le compositeur  Mansoor Mani Hosseini, pour FESTRAD, festival Franco-anglais de poésie juin 2016 : « The Far Side of the River »

 – Performance chantée et dansée « Sodade » au printemps des poètes  Villa 111 à Ivry : sur un poème de Marilyne Bertoncini, « L’homme approximatif » , décor voile peint et dessiné,  6 x3 m par Emily Walcker  :

l’Envers de la Riviera  mis en image par la vidéaste Clémence Pogu – Festrad juin 2016 sous le titre « Proche Banlieue»

Là où tremblent encore des ombres d’un vert tendre » – Toile sonore de Sophie Brassard : http://www.toilesonore.com/#!marilyne-bertoncini/uknyf

La Rouille du temps, poèmes et tableaux textiles de Bérénice Mollet(2015) – en partie publiés sur la revue Ce qui reste : http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-berenice-mollet/

Préfaces et 4ème de couverture

Appel du large par Rome Deguergue, chez Alcyone – 2016

Erratiques, d’ Angèle Casanova, éd. Pourquoi viens-tu si tard, septembre 2018

L’esprit des arbres, anthologie, éd. Pourquoi viens-tu si tard, novembre 2018

Chant de plein ciel, anthologie de poésie québécoise, PVST et Recours au Poème, 2019

Une brèche dans l’eau, d’Eva-Maria Berg, éd. PVST, 2020

Soleil hésitant, de Gili Haimovich, ed Jacques André, 2021

Un Souffle de vie, de Claudine Ross, ed . Prolégomènes, 2021

Je dis désirs, anthologie,  Pourquoi viens-tu si tard ?, 2021

Ephéméride, feuilles détachées ; anthologie Pourquoi viens-tu si tard ?, 2022

Le Rire de la mouche, Jacques Merceron, éd. Pourquoi viens-tu si tard ? 2022

Quelques texte de Marilyne Bertoncini :

Le Poète-cormoran

à Tristan Cabral

« Toutes les âmes sont parties de l’âme de l’univers,

et tous les êtres à la fin ne sont qu’un »

Giordano Bruno,

Le Banquet de cendres

Poète cormoran dans les prairies du ciel où s’inverse la mer

corps-mort d’un navire-mémoire trop lourd pour rejoindre l’estran

à jamais l’Étranger – l’innommé – et pourtant mon jumeau

de sable

avec son âme d’eau

partageant un même océan

et ses dunes sans fin comme des vagues blondes

Les ongles des sirènes y sont des os de seiche

Le vent rasant la plage y fait crisser

mille abeilles de silice piquant mes yeux rougis

où se double la mer au rideau  trouble de mes cils

Sur l’arête des dunes, les bouquets d’immortelles

se cabrent et les brusques rafales

secouent leurs cheveux secs –

elles pleurent de  leur voix de sistre

L’haleine du vent ourle les vaporeux sommets

qui  sont des pétales géants

retenant un  soleil mouillé

dans le cœur de leur fleur.

Dans mon sang coule encore le froid ciment des dalles

des blockhaus

tombeaux de sirènes échouées

mortes d’avoir aimé des marins interdits.

Triste, depuis toujours je chemine avec toi

car nous suivons un même fil

qui se mêle à d’autres pas –

blessures dans le sable mouillé

Le sentier dans les dunes se couvre de rocailles

et de ruines écroulées où trombe le vent nu

et je me trompe de souvenirs dans la ruche de ma mémoire

Mes lauriers-roses

ton rosier noir

Écrire au fond n’est que construire

une chambre d’échos –

creuser avec toi le tunnel

de ta chambre à la mer

surmonter les naufrages de naissance

La mer est un enfer dont la voix est captée

par les antennes des oyats

et la chaîne des mots dit la chaîne des morts

qui nous retient avec son encre –

corps-mort – corps mourant.

Marilyne Bertoncini, pour les partages de parole d’Aiglun, 21 août 2020.

SIDÉRATION

Un éclat d’étoile m’était entré dans l’œil : On ne parcourt pas sans risque les prairies du ciel.

Et cet éclat crissait de mille sons diaprés sur le fond insonore de ma nuit où il dessinait des buissons de comètes mouvantes comme des posidonies translucides et phosphorescentes dans l’eau claire du demi-sommeil.

La lumière crépitait au cistre de cigales et, dans le souvenir, se mêlait à l’ondulante brume de chaleur qui trouble et double la longue silhouette des pins flottant comme toi dans l’eau de ton sommeil – zébrures parfumées et sonores des arbres à térébinthe dans le soleil de la nuit.

Tu avances – tu flottes-glisses vers la lumière intérieure – elle est douce et palpable comme le pétale d’un drap frais – elle t’attire et t’enveloppe d’une vague claire et palpitante mais, tu sais qu’il faudra traverser la grande nuit qui éteint tout pour l’atteindre – enfin – tout au bout du long voyage.

Il semble que tu dérives en flottant sur les eaux de la nuit. Tu pénètres l’anneau couleur lilas de la madone fluorescente qui protégeait ton fragile sommeil d’enfant : elle t’enveloppe désormais de sa mandorle fluide, son manteau de lumière est mouvante méduse dans le courant du rêve. Elle a la forme de ton œil où pétille l’éclat d’étoile.

Paupières encore closes, tu te demandes si ton globe renversé est blanc comme celui des statues. L’éclat sidéral diffuse à présent dans mes veines le froid métal du matin et les prairies du ciel s’éloignent lentement avec le pépiement des premières mésanges.

Ne pas ouvrir les yeux blessés qui brûlent encore d’une braise d’étoile.

Christine Durif-Bruckert

Christine Durif-Bruckert, est enseignante-chercheure en psychologie sociale et en anthropologie à l’Université Lyon 2, et conférencière. Elle écrit de la poésie et contribue à la revue Recours au Poème.

Outre la diffusion d’un grand nombre d’articles dans des revues scientifiques nationales et internationales, elle publie des essais dont Une fabuleuse machine, Anthropologie des savoirs ordinaires sur les fonctions physiologiques, en 1994 chez Anne-Marie Métailié (réédité aux Éditions l’œil Neuf en 2009), La nourriture et nous. Corps imaginaire et normes sociales édité par Armand Colin en 2007, Expériences anorexiques, Récits de soi, récits de soin en 2017 aux Éditions Armand Colin. En 2021, elle coordonne l’ouvrage collectif Transes aux éditions Classiques Garnier.

Christine Durif-Bruckert

En poésie, elle publie entre autres aux Éditions du Petit Véhicule, sur des photographies de Pascal Durif, Arbre au vent (2018), le Corps des pierres (2019), puis Mains en coll. avec Marilyne Bertoncini et Daniel Régnier-Roux (2021). Chez Jacques André Éditeur, elle publie Langues en 2018, Les Silencieuses en 2020 et l’anthologie Le courage des Vivants qu’elle coordonne avec Alain Crozier . En 2021, elle publie Courbet, l’origine d’un monde, aux Éditions invenit, collection Ekphrasis, ainsi qu’un monologue poétique Elle avale les levers du soleil, aux Éditions PhB.. 

Parallèlement, elle poursuit des publications dans diverses revues de poésie, ainsi que des anthologies. Sur cette année 2021, elle a participé aux anthologies suivantes : Dire oui, Janvier 2021 et Rencontrer (Novembre 2021), Terre à ciel (Florence Saint Roch), Je dis DésirS, Jaume Saïs, PVST (2021), Voix Vives 2021, Préface de Maïthé Vallès-Bled, Éditions Bruno Doucey.

Son site est : http://christinedurif-bruckert.com

Quelques uns des textes de Christine Durif-Bruckert

L’amour éperdu

L’amour éperdu

épuise le désir

dérange le silence des fleurs

les paysages d’oiseaux.

L’amour est le poids de tes nuits

épure la gravité de tes plaies

fait monter l’aube dans les branches de l’âme.

La nuit humide se tient debout sous le vent

La pluie

a fait des mares d’eau si abondantes

que tout a failli prendre une allure de désastre

Je t’attendais dans la pâleur d’un matin saugrenu.

On avait chanté

les mélodies de notre affranchissement.

Et pourtant nos yeux se cherchaient.

Minutieusement

j’ai décrit ton visage dans un espace incertain.

J’ai fléchi à tes inconstances douceâtres

l’insatisfait résonnait dans nos pauvres carapaces

d’oiseaux blêmis.

Nos mains s’entretenaient en une danse infinie.

L’orage avait tout juste fini de s’effondrer autour de nous.

Langues, Jacques André éditeur, 2018

Une pluie

sur le sol

tendre

et palpite

tes paupières

lisses

dans l’œil

ta voix

rauque

appelle

le temps.

La gravité

de la lumière

échancre

les parcelles de terre

crevasses tombales

main de chaux

ma peau

leçon de pierre

menace de la pluie

qui bruine

écriture morte

dans les râles du jour

qui brouille.

La poésie traverse les terres froides

se réchauffe aux fumets de l’humus

fabrique les mots errants

légers comme la neige

lorsque s’ouvre ta bouche

et qu’éclate ton désir

à la surface des frissons de pierre.

La poésie coule

dans les pores de la terre mouillée

là où commence le silence.

Audaces intrépides

qui délogent les peurs agrippées

au linceul de tes yeux.

Tu ris.

Tu ris dans la franchise de tes ivresses 

au bord du précipice

de tes matins brouillés

où chancellent

à peine

les premières lueurs du printemps.

Noircir

le trait de ton corps

épaissir la figure de tes émois.

Les oiseaux

tournent

chantent

dans le creux

de ta bouche

tracent

le tour de tes lèvres

endroit sensible

du vacarme de tes désirs.

Tu es la terre

sans toi l’histoire se tait

le tonnerre

étouffe ses grondements

tu avales la misère.

Loin

tes yeux

dernier savoir de l’innocence

loin derrière tes branches.

Plus rien ne sort de ta bouche

l’amour a pris feu

tes mains se croisent

sur ce qui brûle encore

les soupières sont chaudes

fument

l’haleine brunit les vitres

dehors est loin

bien au-delà de ton absence

tes soupirs

dedans brûle la terre

de ses terreurs enfermées

de ses morts réveillés

à peine endormis.

Le dedans de soi

au plus loin d’en soi

le dedans d’ici

s’est arrêté de parler

le dedans fait rouler

ses lourdes pierres.

La vie s’éloigne

tu la cherches

elle est déjà loin

là-bas dans les montagnes

rougies par le vent

le battement d’aile des étourneaux.

Je la cherche dans tes yeux

mes os craquent

broyés d’un coup d’aile.

Pour te retrouver

je marcherai longtemps

au cœur des forêts

je me perdrai

sur des sentiers sans vie

pourchassée

par des eaux troubles.

Les eaux sont toujours troubles

lorsque le froid étreint l’air

et ouvre les paupières du sol.

Le corps des pierres, Les éditions du petit véhicule, 2019 

Brûlure

vent chaud

tourner autour de l’immensité

des grandes vasques

une porte bat se bat contre le vent

bruit de la porte emporté

dans le vent

 hostile

des ouragans

brise le temps

écorche les rocs

la matière volante transporte

les bruits

il claque le vent lorsqu’il traverse le monde

ose la direction de l’oubli

claquent les portes dans la nuit

comme des encoches dans les langues

souffrent le silence

mes mains se dénouent

font un tour tournent le vide

se mouillent à l’orage

et repoussent le temps

la porte tape contre le vent

Inédit

Le silence est entier
la solitude accomplie.

Un silence qui me délivre de ma propre langue.

La mélancolie du jour
retient le temps qui passe
tient prisonnier ce qui fait la vie ici

une lande immense
insolente
peuplée de retours.

Solitude
d’avoir mis le nez dans ce tableau
d’être entrée dans un monde si prodigieux

l’imminence d’une révélation qui ne se produit

que dans l’annonce de ses interruptions

comme un paysage dont les formes changeraient brutalement.

Un centre
perdu de vue
jamais effacé
toujours revient
revient au foyer
à l’endroit du présent
aux aguets de ce qu’il reconnaît
peut-être au-delà de ce que l’esprit peut comprendre.

L’étoffe tressaille encore au souvenir du banquet

nappe blanche
convulsions, froissements charnus

l’ensoleillement de l’heure des siestes.

Les étoiles feront de beaux dessins sous la voute du monde.

Faudrait-il apprendre l’image par cœur au risque que ses coupures ne deviennent

essoufflement
et finissent par oppresser.
Laisser la peau se remplir encore un peu

des secrets d’un réel
qui se refuse à jamais ?

Les images
jamais ne donneront tout ce qu’elles ont à dire

nous abandonnant juste à l’orée du pénétrable.

Brisures
marges qui précèdent le sensible
ce sont là les vrais deuils du regard
ils m’ont poursuivie, me poursuivent comme des songes.

Je m’adosse à l’épaisseur rocheuse du tableau
à sa solidité aveugle.
L’image agit en moi, me parle, me fait divaguer vers ce qui déborde de part en part de l’évidente

visibilité.

Chute
de ce qui soulève nos cœurs
et ne peut parvenir jusque dans les mots

si ce n’est par ces instants lumineux

fugaces et éphémères
moteurs du désir
racines des poèmes.
Mon âme nue
sous le jour pressant
nue sous la lumière.
L’instant, ailleurs

j’ai dépassé les vertiges
la dureté des falaises
les gémissements du vent dans les fractures du temps et les plus grands orages
pour cet abîme-là
pour ce corps consumé.
Le face à face avec le soleil
brûle la rétine
brûle la vision.
La figure rutile, ruisselle
à l’extrême du regard
éclate de ses contradictions.
Saturation.

La lumière se retourne une dernière fois pour ne pas disparaître trop vite dans le réalisme des peaux tendues.

La solitude des peaux tendues

Qui peut raconter cela, dire la trahison d’une si haute joie ?

Serait-ce là l’origine ?
Cette splendeur à peine naissante que je viens juste

de perdre.

Regarder le ciel.

Courbet, l’origine d’un monde , Editions invenit, 2022

Tout en haut

des déserts de neige à couper le souffle

plus loin le calme

quelques ondes de sable.

Le tableau rayonne de ses propres reflets

tient le secret

se dévoile, à peine, au risque de se perdre dans ce que nous ne voyons pas.

Il me met à l’écart

d’un seul trait, ouaté de neige.

La lumière dans mes yeux

Vient-elle du soleil ?

Je sens l’herbe ensoleillée

une légère odeur de brûlé

venu d’un bas de ciel, rougi

bas dans le ciel

tu brilles

ruisselant brûlant

de fleurs et de pierres

le bitume blanchi

qui blanchit la lumière

dans le profond miroir des eaux du monde.

le grand vent des passions

d’où vient-il ?

de ces horizons délabrées

où s’endorment les voix

et les plaisanteries rondes

heurtées au

tissu impénétrable des pierres.

Paysages raturés

Et ce trait qui trace l’horizon

ligne imaginaire sans nom ?

ligne des éclairs,  de l’étirement des étoiles

que me veut

ce vide

tout ce vide qui ne parle pas ?

serait-ce le silence 

qui s’épaissit

devant mes pas ?

Un nuage de silence.

Ne cherche pas les réponses du côté du désir

lui-même ne sait pas d’où il vient.

……

Les Neiges sont bleues

neiges d’automne

teinte bleue éblouie

vague muette du vent

étoffe sensible

amour du ciel

et

moment du surgissement

lorsque mon regard croise le monde, le frôle et le perd.

Les rêves montent

dans la saveur de souffles obliques.

Une présence

m’éprouve

me convainc

et me prive

s’attarde.

Les ombres d’éclats

de quelques tâches

accrochent la clarté  blanche des commencements

et les formes élémentaires de la lumière.

Un moment hors du temps

qui charrie le temps

Neiges bleues, sur un tableau du peintre Jean Imhoff, Lyon (peint en 2020), anthologie Rencontrer, coordonnée par Florence Saint Roch

https://www.facebook.com/christine.durif

Christian Viguié

Aux Éditions Rougerie

     Petites Écritures, 1996.

     Économie d’un paysage, 1999.

     La dure lumière,  2001. (Prix Antonin Artaud 2003, prix du jury des           

     lecteurs de Rodez 2003).

     Juste le provisoire,  2004.

     Cheminements Passages,  2007.

     Autres choses 2010

    Commencements 2013

    Limites (dessins d’Olivier Orus) 2016

   Damages approche graphique de Olivier Orus, mai 2020 (Prix Mallarmé 2021), aux éditions Le bruit des autres

Poésie:   

    Le carnet de la roue,  1999.

Théâtre:

     Pour les oiseaux ou les fous  ou les derniers jours du Caravage , 2001.

     Nuits d’été, 2012

Récit:

     Le jardin, 2001.

Roman:

     Un homme inutile,  2002.

     Le vieux Maître, 2003.

Nouvelles:

     Guerres sur fond bleu, 2006.

Essais:

    Partis pris I : Lettres à René Pons, 2009.

Partis pris II: Poésie et politique, 2009.

    Partis pris III: Esthétiques, 2010.

Entretien:

    René Rougerie, une résistance souveraine (livre accompagné d’un DVD) 2010.

Christian Viguié

Chez d’autres éditeurs

Romans, récits, nouvelles

    Des rois dans les arbres, roman (éd. Le mot fou) 2010.

    Comme un chemin, récit (éd.Circa 1924)  2006.

   Baptiste l’idiot, roman (éd. Le mot fou) 2014  Prix Murat 2015 (Italie)

   Passé décomposé, roman policier (éd. Le geste noir) 2015

   Traverser la nuit, nouvelles avec Franck Bouysse (éd.Page et plume/Rougerie) 2020

   La naissance des anges, roman (éd. Les monédières ) 2020

Poésie:

    L’âge est de rompre (éd. Europe)  prix étudiant de la jeune poésie 1986

     Paysage dans la neige (éd. L’Arbre à paroles) 1996

     Fables (éd. L’Arrière-pays) 1996

     Le livre des transparences et des petites insoumissions (éd. Le dé bleu) prix Max-Pol    

     Fouchet 1997

     Biographies (éd. Tarabuste) 1996, prix Emile Snyder 1993

    Contre-chant, images de Jacques Hemery (éd. Propos ) 2003

     Des oiseaux (éd. Le cadran ligne 2009)

    Outre mesure (éd. Dernier Télégramme 2013 ) dessins d’Olivier Orus

   Route(s) (éd.Mars-A) 2021 dessins d’Olivier Orus

Fusain (éd. La Cadran Ligné)2021

Ballade du vent et du roseau (éd. La Table Ronde) 2022

Divers:

      L’éternité chavirée – scénario de Christian Viguié, histoire originale de Jean-Charles

      Wolfarth

      Les dits devants, CD avec Bernard Noël, Serge Pey… (Ciam)

Livres d’artiste:

      Le jardin des mots, (éd.Ivan Sigg) 1989

      De près ou de loin,  avec Alain Campos (Galerie Horloge, Paris 1991)

      Livre Hop-scène  (éd. Ivan Sigg) 1992

      Roulottes (èd. Les petits classiques du grand pirate) 1993

      Un crochet de l’air (éd. Ivan Sigg) 1994

     Moments (éd. Alain Gimeno, Impromptu n°7) 2014

     Possible indéfiniment (éd. La Regondie 2012) peinture de Philippe Delessert

     Brouillard (éditions de la Regondie 2020) Peintures de Catherine Aerts

Entretien :

    Conjonction d’insubordination (entretiens avec Laurent Albarracin et Laurent Doucet) (éd.      

    La passe du vent 2018)

Quelques textes de C. Viguié :

Il n’y a pas besoin de métaphysique
pour voir ce que je vois
Il suffit d’ouvrir une fenêtre
de regarder le pommier
au milieu du pré
de se dire simplement que l’univers
accouche d’un nouveau silence
et accueille la rondeur d’une pomme
 
Ainsi devant moi
tombent la rougeur d’un silence
le soleil d’un silence
quelque chose qu’il faut ajouter ou ôter
pour que tombe une pomme
 
se dresse un arbre
qui n’a ni besoin de mots
ni d’idées
ni de la couleur chatoyante de l’automne
 
Pourtant tombe une pomme
et qu’en tombant
une vérité apparaît
et une autre s’annule
entre ce qui est
et ce qui n’est plus
entre ce qui pourrait advenir
afin de préserver
l’extraordinaire banalité du monde.
 

 
 
Les mots
que tu saisis au creux de ta main
sont aussi lourds que des pierres
Ils te demandent de les reposer
ou de les jeter loin
toujours plus loin
comme des virgules d’oiseaux
avec leurs promesses de silence
 
Après tout
leur fonction est de tomber
de n’indiquer aucun chemin
mais de borner le néant
pareils à des dieux ensommeillés
 
Ainsi tu peux viser un arbre
un ciel
le rouge froissé d’un soleil
ou celui d’un coquelicot
n’importe quel nom perdu
 
tomberont toujours les mots
avec le même étonnement
la même fatalité
que les feuilles ou les pierres.

François Charvet

40 ans

Études de lettres modernes.

Vit dans la région lyonnaise.

Publications :

  • Il bleu du puits, éditions Chloé des lys, 2011
  • D’esquifs en bouquets de sable, éditions l’Harmattan, 2013
  • Par quel ressac, éditions Les solicendristes, 2014
  • L’eau la langue, éditions Raphael de Surtis, 2016
  • Foyers de paille, éditions Raphael de Surtis, 2016
  • Miroirs en échos, éditions Le Réalgar, 2019
  • Portrait à la table, éditions Raphael de Surtis, 2022

Des publications dans des revues dont Verso, Traction Brabant, Voix d’encre, Les hommes sans épaules…

Quelques textes de François Charvet

Pourquoi sa solitude plutôt qu’une autre.

Ce flocon déposé sur la foule

place Bellecour

le temps de fondre sur ma langue

mes regards qu’elle ne rencontre pas une seule fois,

comme en sursis dans l’entre-nous tous

inconnus

agglutinés

et ne sachant qu’attendre de la nuit qui s’immisce

de la grande roue éclairée

et de cette rumeur que draine la sortie des bureaux.

Pourquoi sa quarantaine.

Sa taille moyenne 

et ses talons appliqués.

Ses cheveux conformes.

Veste et pantalons à se mêler aux trottoirs

et le plus possible

ne pas éveiller de reflets aux vitrines.

Mais elle ne porte pas la tête basse.

Et si ses yeux semblent fouiller le sol

devant elle

à une juste mesure de ses pieds

ils ne m’apparaissent pas fuyants

mais d’une ligne précieuse

enclose

d’un écart léger qu’elle s’octroie ;

absente

en elle-même dans cet ailleurs si familier

intraduisible

comme inconsciente de ce qui la frôle ;

d’une musique d’elle seule audible ;

son magnétisme 

et l’espace qu’elle repousse.

Je me demande pourquoi elle s’est arrêtée devant l’attraction

elle qui semble ne pas la voir.

Et pourquoi repartir.

Ma sensation de vivre une personne rare,

l’incarnation de chair

d’un personnage de Modiano.

D’un dernier coup d’œil qui ne la retrouve pas

rendue à son passé d’encre trouble

et à son absence de destin.

Aux vents d’une vie privée d’héroïne.

Des mots qui ne mordent que leur soif d’indicible

et de romans aux figures indistinctes.

Sa recherche d’une respiration

altière

perdue dans les solitudes de son trésor. 

(extrait de Miroirs en échos, le Réalgar éditions 2019 )

Rien de particulier.

Rien à dire de particulier.

Des gens passent à côté de moi

et il est impossible de dire

celui qui se retournera pour m’embrasser

ou celui qui me donnera un coup de fusil.

Cela est très banal.

Les journaux sont remplis de morts qui ce matin même

comme moi

s’étaient levés en vie.

Il n’y a pas de raisons cachées.

En général,

les gens ne sont pas responsables de leur mort

et encore moins de leurs amours.

La plupart du temps,

je songe que Dieu

dans sa grande force de persuasion

a fini par user tous ses arguments ;

et que la poésie

dernier bastion

pourrait bien demain être à la une,

comme la jeune fille que l’on a retrouvé morte

hier soir

devant chez moi,

cette jeune fille qui ne se trouvait rien de particulier

mais qui brillait dans tous les regards

sans que jamais ils n’osent lui dire un seul mot.

(extrait de Portait à la table éditions Raphaël de Surtis 2022 )

                                                                        §

Les mots qui se voudraient

et qui restent en deçà des mots

qui se disent,

comme un sillage

me préservent dans l’écume

le sens de la traversée.      

(extrait de Etats des mots recueil inédit 2022 )

Hélène Sanguinetti

Hélène Sanguinetti, née à Marseille, passe sa jeunesse dans la fréquentation continue de la mer, de la poésie et de la peinture. Professeur de Lettres, chargée de mission pour la poésie en Lorraine, elle revient en 1990 en Provence où des liens déterminants (René Char, Salah Stétié) la confortent définitivement dans une écriture restée jusque-là confidentielle.

En 1999, Yves di Manno, directeur de la collection Poésie/Flammarion, publie son premier livre, De la main gauche, exploratrice.

Son œuvre est traduite et publiée notamment aux États-Unis et en Allemagne.

Elle participe à plusieurs anthologies, festivals, entretiens en France et à l’étranger.

Très attirée par les recherches visuelles et sonores, par le chant, les rythmes, elle aime risquer le poème avec d’autres expressions artistiques et l’incarner en direct en public par la voix et le corps. Elle maintient aussi, entre son travail de la terre, fascination ancienne, et celui de son écriture, un dialogue primordial à l’origine sans doute du peuple dont ses livres sont parcourus.

Elle vit en Arles.

Bibliographie sélective :

  • D’ici, de ce berceau, Flammarion, 2003
  • Hence this craddle,traduction d’Ann Cefola, Otis Books, USA, 2007
  • Le Héros, Flammarion, 2008
  • The Hero, traduction d’Ann Cefola, Chax Press, USA, 2018
  • (Une pie)Publie.net, 2009
  • Toi, tu ne vieillis plus, tu regardes la montagnePublie.net, 2009
  • Et voici la chanson, L’Amandier, 2012
  • Alparegho, Pareil-à-rien, L’Amandier, 2015 (1e édition, L’Act Mem, 2005)
  • Domaine des englués (suivi de 6 réponses à Jean-Baptiste Para), La Lettre volée, 2017

Dernières publications :

  • Livre :  Et voici la chanson, Lurlure, octobre 2021 (réédition)
  • Revue : « Jadis, Poïena (une poème) » in sprung rhythm,  Monologue, décembre 2021

              « Petites publications à, » in Catastrophes, n°26, octobre 2020

  • Entretien : « la faim, la joie » entretien mené par Guillaume Condello, « La vie en prose », Catastrophes n°26, octobre 2020
  • Anthologie : Achter-bahn / le grand 8, Wallstein et Le Castor Astral, décembre 2017.
Hélène Sanguinetti

Quelques textes d’Hélène Sanguinetti

(extrait de Et voici la chanson, Lurlure, 2021, p.45-46)

JOUG 3

Il est 18h 35

dans la cabane

aucune nouvelle

le ciel est gris il y a du vent un peu de vent

ciel gris bleuté une mouche grésille contre

la lampe le ventilateur de

la mûrisserie fait un bruit d’enfer

Il est 18h 39 d’aucune nouvelle

18h 40

de Corbeau

un-peu-de-vent

ce-n’est-pas-une-mouche-

insecte-long-ailé-pas-beau-pas-exprès

le ventilateur fait

beaucoup de bruit

pas beaucoup

mais trop

9h 21 il pleut quelques

gouttes sur la cabane

elle sent

ciel gris avec du vent un peu

le même

9h 23-Balancement

des feuillages

loin Afrique ?

non pas loin, pas très, croyait

avion c’était oiseau 16h 39

c’était

avion tornade de jardin

légitime

Aux

Paupières du

soldat – dort à l’envers dans le métro

Au

riche cœur écrasé sur la vitrine – une Mouche

Danseuse-Mouche-de coin collante et revient

sur le soldat met ses Lunettes Sales

de travers

Quel désespoir est entré depuis !

la roche avec bave poils crocs

LÂCHEZ  LES  CHIENS

LÂCHEZ  LES  CHIENS

LÂCHEZ  LES  CHIENS

LÂCHEZ  LES  CHIENS

Ne pas cesser mordre

poids, tout. Muscles, des Tas.

Hurlaient. Hurlements.

Animaux8.

8 : danseurs aussi parfois            

TEXTE 2

(extrait de « Chant de Vieil-Amour enrubanné » in Domaine des englués, La Lettre volée, 2017, p.133-137)

4 │

Vieil-Amour veut

que poitrine n’étouffe pas

que langue se soulève

pas pourrir

sortir frais!

5 │

Ne mourra pas

Rajeunira

Ne le croit pas

S’envolera

où est Mandrake

de temps infans

du bras géant touche

nuage s’accroche

au vent

Or la terre ce jour-là avait

tremblé, une vague terriblement

percé le rocher, quel bruit de

gouffre vorace, brrrree  brrrree

le lustre a bougé,

dans la salle à manger

le plancher, tous les meubles,

dansaient un peu

Passer sur le pont

devint souvenir

comme le reste

Je ferme le torchon, plaintes,

peines à l’intérieur, caché

dans le placard l’argent

d’une semaine et sa bague

de fiançailles si je pouvais

la retrouver enfouie

dans la farine

Se sauver Piquer des deux

quelques verstes, bonjour Bataille,

Père bonjour, quelques verstes

plus loin une rencontre capitale

avec l’histoire, leur folle sœur,

et tous Fils, les Rusés : de la nuit –

du dessous – Sainte Pute fils de

le sien, le préféré, plus que maigre

sous tablier, Souliers vernis

® Souvenir comme le reste

6│

Ne pas mourir

ne, Veut, pas, mourir

mourir mais vif

ainsi courir se dérater

du couru Et transpire tombe

au pied d’un arbre marronnier

en fleurs de sa vie,

Harmonie tue –

équilibre tue

repos tue,

oh oh  nerfs,

6  muscles, tendons de

chameau éventré sur le bord,

mais, gazelle, par, chance, enfuie,

capsule plus qu’humaine,

tympan, marteau, époux de coude,

de front, iris conjugué, conquis

Sortez de vos caissons !

7│

STOP. Veux sortir

frémir couiner gogoter

dulciner  passer les bras

plaquer le très grand frisé

hop la montagne

de l’autre côté

embarquer sur ton derrière

oiseau, à califourchon,

planter mes griffes, ah,

ne, pas, tomber,

Merci à Hospitalité légendaire

du conte, à

Hospitalité légendaire des

plumés chanteurs, à

Hospitalité légendaire de la

promenade au ciel,

allons !