La montagne
La montagne
Autour
La nuit
Je la sais encore et je la désire
Je m’en souviens
Elle échappe
Elle se dresse inaccessible aux mots
Elle est
Je ne peux la saisir à présent
Pas plus que quand je la voyais
Voir la montagne
Dit le sage
Ne plus voir la montagne
Et pourtant
A présent que je ne la vois plus
Que je sais que pas un mot n’en saurait saisir l’apparence ni la réalité
Dans ce vide éblouissant :
La montagne
La montagne et son avance sur la nuit
Quand sur le chemin l’ombre fraîche vous glace
Et gagne plus puissante qu’une marée – vague d’ombre montante
Ô force de la terre –
La montagne et la part de festin qu’elle accorde à la nuit
La montagne et son relais tendu au jour
Quand les roses du ciel trouvent réponses dans la roche
Quand l’or chantant de ses sommets
Eteint tout doucement la frêle lueur des lampes
Quand tout le bleu s’épand
Plus infini de se heurter à elle
Qui réduit et cisèle
L’horizon
Ne plus voir la montagne
Dit le sage
Revoir la montagne.
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Quand tu dessines un arbre
Tu dois tout savoir de son histoire
(Même quand c’est un arbre qui n’existe pas)
Tu dois écouter l’arbre
Les traces que la soif a cachées sous l’écorce
Les vides
Les nœuds
Les cassures
Les tout petits matins de réponse au ciel blanc
- Son dialogue avec le ciel –
Les nervures de ses feuilles, leur tendre déploiement
Les renflements du tronc
Les endroits plus épais
Les creux
Les denses
Cela s’entend sous le crayon
Il suffit d’écouter
Et de ne pas trahir
Quand tu dessines un arbre
(Même quand c’est un arbre qui n’existe pas)
Tu dois le recueillir
Tout en te souvenant que c’est lui qui t’honore
S’il t’offre sa présence.
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Je vais chercher en moi le lieu dense et sauvage
Qu’aucun assaut ne désunit
Cet endroit sans défaite
Sans victoire
Où veillent en silence
Comme des papillons
D’étranges gestes qui savent
Faire entorse au destin
Héya !
Tout brûle en moi de ce feu de forêt
Tout brûle
S’éclaire aux torches du désir et de la mort
Héya !
Nul ne me reconnaîtra plus
Peut-être
Et peut-être personne
Ne relaiera l’écho de mon long cri de cendres
Et de lumière
Mais je me tiendrai là
Accueillant la merveille
Vie et mort
Dans une seule main.