Une impression de pyramides incertaines, de trépieds bancals, que ces poèmes qui laissent apercevoir des creux irréguliers et instables, des entailles, des dérèglements dangereux, mais qui tiennent parce que leur base est bien plus large que leur tête. Ce sont poèmes, non pas sculptures et pourtant ils ont été taillés…
Le poète sculpte dans une masse de mots, qu’il s’est constitué, sa réserve, ses matières, et il affine en excavant, retirant ce qui pèse. Il se répète ainsi les mots en les soupesant à l’oreille, et leur donne une chance de rester si l’ensemble tient à la fois dans la hauteur et dans le temps. Car ce sculpteur tient compte du temps, il l’égrène, le distille, et le compte comme un apothicaire ses gouttes.
Il ne s’affirme pas, il reste discret derrière le ciseau et la masse, il dit « on », « on ne dit jamais «je» on est ce que l’on dit », il tourne autour, mais ne s’y confond pas. Il est comme le boxeur avec toutes ses jambes, ses 13 jambes, à attendre le « premier jour sans lendemain ».
Georges Chich