Marie-Paule Richard

Marie-Paule Richard

Sous diverses signatures Marie Paule Richard publie dès 1986 récits de voyage, nouvelles, études, un roman, Hôtel de la Plage et surtout un grand nombre de poèmes. Sa sensibilité, son écriture minimaliste et résolument personnelle a trouvé écho auprès d’artistes dont elle a fréquemment accompagné les œuvres, Mon Vercors avec Marie-France Chevalier, Atteindre le ciel, Gravissement  ou Dali, pierres de rêve avec René Schlosser, Riflesso et Jean-Paul Meiser, Clair obscur avec eOle, Des mots simples pour dire le désert dans Zagora avec Pierrette Burtin-Serraille ou la ville étrangère dans Voyage à Tübingen avec Monique Perret.

L’écriture de Marie Paule Richard s’offre comme un chemin vers l’infini, un parcours toujours renouvelé. C’est en effet en marchant que le poète traverse le temps… C’est en respirant amplement qu’il revisite les images du quotidien…

En traduisant Wortwege, Les mots-chemins, et dem Morgen entgegen, à la rencontre du matin, l’auteur retrouve chez le poète allemand, Kay Borowsky, une même conception de la poésie, une poésie qui s’interroge constamment sur elle-même, toujours en quête de l’espace et du temps.

Plus récemment D’infinis paysages et Fleur d’orage publiés aux Editions Jacques Brémond touchent leurs lecteurs par leur langue directe, authentique et dépouillée. Une poésie du quotidien se tisse entre ombre et lumière. Les noces de la joie des captures d’instants essentiels avec la sourde nostalgie de bonheurs parfois conjugués à l’imparfait.

Marie Paule Richard a participé plusieurs fois au Printemps des poètes que ce soit en France ou en Allemagne avec des ateliers scolaires, des lectures ou des récitals, ces derniers accompagnés d’une chanteuse et d’un guitariste.

des poèmes :    

Le Voyage à Tübingen, poèmes, encres de M. Perret, G. Nocturne, 1998

Zagora, poème, gravure de P. Burtin-Serraille, éd. La Saulaie, 199

Mon Vercors, poèmes, dessins et lavis de Marie-France Chevalier, J-P. Huguet éditeur, 2002.

Riflesso ou le regard du peintre, haïkus, photos de Jean-Paul Meiser, J-P. Huguet éditeur, 2007.

D’infinis paysages, poèmes aux éditions Jacques Brémond, 2014

Fleur d’orage, poèmes aux éditions Jacques Brémond, 2018

des traductions de poètes allemands :

Orangenschalen, trad. de poèmes de Monika Demange, éd. Gaspard Nocturne, 1999.

WortWege, mots-chemins, trad. de poèmes de Kay Borowsky, couverture de René Schlosser, coll. bilingue, éd. Gaspard Nocturne, 2000.

Dem Morgen entgegen, à la rencontre du matin, trad. de poèmes de Kay Borowsky, deux triptyques de René Schlosser, coll. bilingue, édition l’Atelier du Hanneton, 2010.

des livres d’artistes :

Atteindre le ciel, poèmes accompagnés de lavis en 2000,

Land an Land, trad. du poème d’Oya Erdogan, lavis de R Schlosser en 2003,

Gravissement, poème en 2004 avec le peintre René Schlosser.

Clair obscur, poème avec des photos d’Eole dans la collection &, en 2009.

deux romans :

Hôtel de la Plage, coll. Bleu Fouillis, éd. Gaspard Nocturne, 1999

T’es toi, Jean Pierre Huguet éditeur, 2025

des nouvelles :

Au-delà des mots, dessins de Sophean Phuoeng, Jeunes France-Asie, 1990

Fugitives, scènes de la vie lyonnaise, ill. Cl. Plongeur, éd. Cl. Bussy, 1992     

Suite pour piano, gouache d’André Gey, coll. Carnets des Sept Collines,J-P Huguet éditeur, 2005.

des récits de voyage :            

Regard sur l’Inde du Sud,  journal de voyage au Tamil Nadu, 1986

Safari au Rwanda, journal de voyage, Semavenir 2008.

des essais :     

Lecture créative,la lecture à la découverte de soi et des autres, préface    Joseph Zobel, éditions du CRDP Académie de Grenoble, 2006

Mohamed Kadded, l’homme de verre  essai éd. La passe du vent 2012

des collectifs :

Parcours insolites, à travers les rues de Romans, nouvelles de l’atelier nomade, éd. Palette des arts, 2009

Le commissaire et l’affaire Jourdan à la manière de… nouvelle coécrite avec Marianne Ferrero et Jean Magalhaes, éd. Palette des arts, 2011.

Poèmes de Marie-Paule Richard :

le feu de ton regard

troue le silence

et sur l’impatience de la peau

joue la morsure de la lumière

en moi ruisselle d’abondance

mon plaisir au tien lié

la caresse

est notre langue

un chant

la houle qui nous aimante

*

ton absence m’a réveillée

cette nuit

ont surgi

les délices de nos rires fous

de nos chemins complices

des toits de cathédrales

aux portes des océans

cette part d’enfance oubliée

que tu ressuscites en moi

*

toi et puis rien

une brise

un vol d’oiseau

en mois tous les désirs

toute l’intranquillité du monde

sous le ciel qui se tait

je marche

dans la lumière qui bruit

de ta présence

te voir te toucher

supplie mon âme en peine

mais la beauté du paysage

demeure impavide

et dans la solitude

qui nous unit

j’avance

jour après nuit

*

au sortir de ma nuit

la fraîcheur de ton regard

tourné vers le volet

qui bâille

me découvre

ton sourire

sans ombre ni pensée

nu

d’éternel enfant

émerveillé

dans le jardin des origines

notre premier matin

Poèmes extraits D’infinis paysages, éditions Jacques Brémond, 2014.

un poème d’été

hébété de chaleur

s’endort sur mon oreille

ses couleurs

me brûlent

avivent mon sang noir

éveillent mon désir

de créer

un poème d’eau

pour me rafraîchir

derrière mes paupières closes

les mots se rassemblent

d’or d’argent de vermeil

coulent sur la page

il pleut doucement

mon poème

pour toi

qui résiste au ciel

chauffé à blanc

*

les nuages ne sont plus

tout est figé

bleui de froid

ni cumulus

ni cirrus stratus nimbus

rien

mes yeux voudraient transpercer

l’épaisse couche au-dessus

de nos têtes

je rêve d’un tout petit nuage

comme celui qui gonflait ses joues

hier au couchant

demain peut être

si le soleil se lève sur

ma ville

*

à bout de bonheur

je n’ai vu de la mer que les baisers

sur l’aile du vent flottait

l’odeur des pierres chaudes et sèches

j’allais à la rencontre

de cette joie étrange

que reflétait

le balancement du ciel

devant la grandeur du paysage

sous la brûlure du soleil

nous étions heureux

de ce bonheur indicible

de volupté et de mort

étroitement liées

*

dessinés par la lumière

fondus la nuit

les objets se détachent

au petit matin

chacun sa place

ses formes ses couleurs

adoucies par le bleu

de l’ombre

présence silencieuse

dialogue sans voix

entre eux point de vide

un lien se tisse en secret

une porte claque

le vent s’engouffre

subitement bavard

le rideau

dévoile à la fenêtre

les dessous des choses

*

cris fracas

rumeurs tapage

tumultueuse

la ville enfle

s’étire

envahit l’espace

de son brouhaha

trop de bruits anesthésie

le silence réveille

présence dense

de chaque chose

vibration ténue pleine

des notes de l’oiseau

du frémissement des feuilles

du craquement des arbres

jusqu’au fourmillement des insectes

cathédrale de verdure ou serre

menaçante

l’eau se révèle volubile

le vent chahute

et l’homme

interdit

se tait

*

dans un sens

dans l’autre

on va son chemin bonhomme

rien ne presse

aujourd’hui dimanche

juché sur des épaules

un enfant émerge de la foule

au milieu de l’allée

une femme de Lautrec

brune au carré

chapeau et bottes rouges

veste noire fourrée

regard absent

ignore les pommes de Cézanne

entre les salades et les kiwis

un clown a surgi

on s’attroupe

on sourit

c’est jour de marché

et puis on s’attable

au café de la place

prêt à refaire le monde

le match la vie

*

des bruits courent dans les hautes herbes

les marguerites ont tourné la tête

d’un cercle de lumière pointe un toit

mon regard retient la douceur d’un parme

une tache carminée

sur la colline face aux ombres mouvantes

désormais silencieuses

le soleil vernit les feuilles encore humides

au loin un chemin bleu s’enfuit

et devant la porte

la délicate carnation des pivoines

me trouble et m’invite

odeurs intimes mouillées

du jardin

la montagne déploie sa gamme de verts

ses profondeurs de grottes

protectrice

rassurante

loin des combats des peurs

je m’installe au fond de moi

à l’écoute de ce qui naît

Poèmes extraits de Fleur d’orage, Éditions Jacques Brémont, 2018.