Dimitri Porcu

Musicien, poète, animateur d’ateliers d’écriture poétique et artistique (musique/mise en voix), chargé de la médiation et de l’action culturelle pour l’Espace Pandora.

Né en 1978 à Lyon. Double nationalité et appartenance, française et italienne. Origines sardes, siciliennes, tunisiennes et grecques. Se passionne très tôt pour les musiques improvisées, la poésie et le lien entre les mots et les notes.                                                                          

Dimitri Porcu

En même temps que ses études musicales (AIMRA à Lyon, ENM et APEJS à Chambéry), il crée avec Marc Porcu, son père, la formation SAXEVOCE et les spectacles « Une île au loin », « La Criée de l’aube ».Il se produit depuis plus de vingt cinq ans sur différentes scènes en France ou à l’étranger pour dire ou jouer avec des poètes, comédiens, danseurs, musiciens autour de divers projets artistiques.

Il joue depuis longtemps avec de nombreux poètes : Marc Porcu, Thierry Renard, Lance Henson, Mohamed El Amroaui, Samira Negrouche, Jean Pierre Spilmont, Alberto Lecca, Bruno Doucet, Laurent Doucet, Martin Laquet, Michel Ménassé, Claudio Pozzani, Mauro Macario, Serge Pey, Yvon Le Men, Chiara Mulas, Stephane Juranic, Lionel Bourg, Cathy Ko, Marléne Tissot, Emmanuel Merle, Estelle Dumortier, Christine Durif-Bruckert, Arnaud Savoye etc… avec les comédiens, les musiciens (Louis Sclavis, Giacomo Casti, Stefano Giaccone, Yves Pignard, Damien Gouy, etc…)

Il mène aujourd’hui de nombreux projets: «Le Cri de l’aube/L’Urlo dell’Alba», formule concert poétique en duo avec le musicien Lionel Martin, pour « dire » ses poèmes.                                                                

Avec Thierry Renard, il crée le spectacle poétique et musical L’Amer du Sud.                                                                                                                                                                     Avec Mohammed El Amraoui, le spectacle poétique et musical Une tortue dans ma tête, destiné au jeune public, et le duo «Communes mesures ».  En duo avec le compositeur et interprète italien Stefano Giaccone (Franti), il propose «Traversée-Traversata», autre spectacle poétique et musical bilingue français/italien.                                                              

Bibliographie :

L’Amer du Sud, recueil à deux voix avec Thierry Renard, entièrement bilingue, franco-italien, aux éditions La passe du vent, 2O19.

Des mots au centre, aux éditions Gros Textes, février 2020.

Tous-Solo, aux éditions de l’Aigrette, mars 2022.                                        

Pour une poignée de sable, aux éditons de l’Aigrette, mars 2024

En revues et anthologies :

J’ai embrasé l’Aube d’été en hommage à Arthur Rimbaud, La passe du vent, 2004;                                          L’Ardeur dans tous les sens, Maison de la poésie Rhône Alpes, 2018 .

Libre Circulation, Maison de la poésie Rhône Alpes, 2019. Revue Rumeurs n°7 aux éditions La Rumeur Libre, Novembre 2019.

Courage! Dix variations sur le courage et un chant de résistance, aux éditions Bruno Doucey, janvier 2020.                                        

Correspondance virale, aux éditions Folazil, juin 2020.                                                                                     Hêtre-chair, aux éditions Folazil  septembre 2020.                                                                                     

Nature & Poésie, aux éditions de La Maison de la Poésie Rhône-Alpes, septembre 2020.                                                                

On n’est pas là pour se faire engueuler. Boris Vian a Cent ans !, aux éditions   La Passe du Vent, novembre 2020

Le désir, aux couleurs du poème aux éditions Bruno Doucey, janvier 2021

Un poème est passé, sous la direction d’Yvon Le Men, Étonnant Voyageurs 2021

L’Éphémère 88 plaisirs fugaces aux éditions Bruno Doucey, janvier 2022

Frontières, Petit Atlas poétique aux éditions Bruno Doucey, janvier 2023

Grâce, Livre des heures poétiques aux éditions Bruno Doucey, janvier 2024

Tous ces visages au creux des paumes aux éditions La Lune Bleue – Trouée poétiques, mars 2024.

Le nom du son, Une anthologie jazz et poésie aux éditons Le Castor Astral, juin 2024

Traductions des poètes et auteurs italiens :

Claudio Pozzani, Mauro Macario, Andréa Liaolo, Max Ponte, Salvatore La Tona, Giacomo Casti.

Textes :

De Marseille à Tunis

Port de Marseille
Déracinés – enracinés – on ne sait plus
Un seul visage – une seule race – un seul ferry Dans le fourmillement des retours
Les valises chargées d’envies
Pleines de récompenses accumulées Débordent d’un rêve annoncé jadis
Partir d’un chez nous – pas chez nous
Retour chez nous – pas chez nous
Retour où l’on sera peut-être de nouveau soi Retour pour se chercher peut-être de nouveau

Embarquer
Sur un « bateau sans voilure »
Aller chercher le passé
Partir pour un futur
Notre présent
Je parlerai de vous au présent justement Vos mots dans ma bouche
Je chercherai dans vos yeux
Le souvenir salé
Je vous chercherai
Dans les yeux des autres
Dans le souvenir à l’horizon

[à coté de soi

Dans le cercle d’or à l’oreille Toujours plus loin
Suivant le vent des morts Cap vers l’Afrique

Une photo
Un nom de ville
Un port
Un bar
Et les messages arrivent de tout l’exil
Les souvenirs en nous
Devenus communs à nos espérances éloignées Seules nos mémoires sont là
sur le pont de ce bateau
La mer est moins salée
Que le ressac des larmes
Dans la gorge serrée par le temps

Première vision de la Terre
Voir la Tunisie pour la première fois « Débarquer dans la ville »
Tunis
Respirer l’Ici
Enfin
Marcher dans une ville nouvelle Une ville blanche
Une ville inconnue
Et pourtant

Je sais où je suis
Je connais les visages
Ce sont toujours les mêmes
Ceux entre deux ciels
Je connais les odeurs
Je connais le chemin
Je connais le goût du café
Je reconnais les voix rocailleuses
Je reconnais les bruits du cœur
Je connais cette chaleur sur la peau du désir Prêt à déambuler
À caresser le monde
Le sud du sud
À se frotter aux angles nouveaux
Ici le temps se fume
Le temps
D’oublier peut-être
La tragédie moderne

Oser déranger la tranquillité des êtres Oser croire en l’avenir
Entendre des notes solaires
Des rythmes ancestraux

Rire de Tout
Pour ne perdre Rien Chaque vers
Comptera pour la suite Ici

Les langues
Claquent au fond de l’âme

Résonnent contre les murs

Remontent les marches Une à une de l’indicible

Écrivent
Dans la naissance du jour Sur fond bleu et blanc
Des mots sans frontières Des mots venus des ailleurs

Tous-Solo, éditions de l’Aigrette – 2024.

J’écris avec ton stylo

Depuis quelques temps je tiens dans ma main

ton stylo

Les mots arrivent    

se forment devant moi

Ils se réunissent entre eux et tracent la route vers ailleurs

Vers le reste

Tu sais ces mots       les tiens         les miens       les leurs

Et puis ceux qui n’existent pas

Ceux qu’ils ne peuvent comprendre

Mais qui sonnent

Justes vrais et présents

Depuis quelques temps j’écris avec ton stylo

Toutes les mains passées     

toutes les mains finies

Celles des voyages    celles des caresses     celles de l’exil        celles de tous les jours

Toutes ces mains tiennent aussi ce stylo

Elles refont le parcours sereinement

Buvant le fleuve de lettres

Qui coule

amical

au cœur de la ville

Depuis quelques temps j’écris avec ton stylo

Des mots       des mots        des mots

Tu sais ceux qui sauveront peut-être quelques peaux

Tu sais cet emballage que l’on appelle poésie

Tu sais ces lignes écrites et que l’on sniffe à pleines narines

Camés d’espérances

Camés collectifs

Tu te souviens pourquoi la dose

Sortir de soi, pour y faire entrer les autres

Comme chantait dans ta bouche l’ancien poète ami et communiste

Gerald Neveu

Le compagnon aussi de Jean Malrieu                 

            Si ta vie s’endort, risque là !

Nous nous sommes tous levés en masse

Et dans ton stylo l’action poétique demeure

Loin du brouhaha

Loin de toute cohorte

Loin des larmes d’encre noire

Depuis quelques temps j’écris avec ton stylo

Je fais aussi écrire les autres avec ce stylo

Ceux que tu aimais

ceux qui connaissent ou pas encore le poids des mots

Ceux du premier rang et ceux du fond de classe

du fond de vie           de tous les fonds      de toutes les classes

Leur soumettre l’amour des langues

En compagnie des poètes aimés

Les Mots au Centre, éditons Gros Texte, 2020.

Les amis, les amies de Tunisie

À « Ici et Maintenant » préférer
« Ailleurs et Toujours »

Dans vos bras ouverts
Comme ceux de l’olivier
Dans la paume de vos mains Offertes au ciel
Dessinées
Par les lignes des ailleurs
Aux cinq doigts pointés sur la terre Dans vos maisons ouvertes à l’autre A la table des langues
Assis côte à côte
A l’exil des envies
Sur vos visages ensoleillés
J’ai pu
Regarder
Droit dans les yeux
Le passé
Sans tomber
Voir les aujourd’hui
Qui viendront encore
Caresser le sol et la poussière

J’ai pu
Trouver « la part manquante » Embrasser un pays
Déjà désiré
Rejoindre les lieux et certains dieux J’ai pu
Ajouter des vers
Au poème déjà écrit

Pour une Poignée de Sable, édition de l’Aigrette, 2024.

Navicella
Embarcation ancestrale
Sur les flots
D’une espérance bien méritée Et d’un souvenir trop profond

Il faut partir
Partir à la dérive
Partir où le vent sentira le chaud d’ailleurs Quitter le port de fortune
Quitter la vie entre les mailles du filet
À la main unique du pêcheur
Quitter son île-épouse
Sa Dea-Madre ensoleillée d’amour

Navicella
Barque symbolique
À la proue Tête de Chèvre Chiens-Hommes – équipage mystique Sel marin dessinant l’espoir
Sur la coque rouillée par le temps Par la navigation quotidienne
Par la traversée répétée

16

Les îles ne donnent plus leurs rêves Au premier venu
Ne font plus confiance
A celui qui ne connaît pas

Ne succombent plus à la fantaisie

Navicella
Au loin des mascarades Sentiments chavirés Marins solitaires
Au large des origines
Un cercle à l’oreille
Pour se guider
Quand manquent les étoiles

Navicella
Entre deux rives
Entre les lignes du temps Tatouées sur la peau
Sous les yeux de l’enfant
Qui reprendra la barre
Dans l’effluve de la ville portuaire

Dans les quartiers de la ville aimée À Cagliari
Cité emblématique

Navicella
Tatouée sur la peau pour traverser encore L’encre-sang
L’encre-noir
L’encre-Pater
L’encre-Mater

L’encrage aux portes closes Des histoires inachevées

Navicella
De la reconnaissance des siens Aux langues mêlées
Retour à ses eaux
Retour au rivage

Un même visage Seul

Tous – Solo en haute mer

Tous-Solo, éditions de l’Aigrette, 2022.

Seul le jour
Nous pouvons dormir un peu À l’ombre des morts
Les nuits
Nous avons rendez-vous

Solo il giorno
Possiamo dormire un po’ All’ombra dei morti
Le notti
Abbiamo appuntamento

Tous – Solo en insomnie Tutti – Solo nellinsonnia

Tous – Solo, éditions de l’Aigrette – 2022.




































De
Marseille à Tunis

Port de Marseille
racinés – enracinés –
on ne sait plus

Un seul visage – une seule race – un seul ferry Dans le
fourmillement des retours

Les valises chargées denvies
Pleines de récompenses
accumulé
es Débordent dun rêve annoncé jadis
Partir dun
chez nous – pas chez nous

Retour chez nous – pas chez nous
Retour où lon sera peut-être de nouveau soi Retour pour se chercher
peut-être de nouveau

Embarquer
Sur un « bateau sans voilure »
Aller chercher le passé
Partir pour un futur

Notre présent
Je parlerai de vous au présent justement Vos mots dans ma
bouche

Je chercherai dans vos yeux
Le souvenir salé
Je vous chercherai

Dans les yeux des autres
Dans le souvenir à lhorizon

[à coté de soi

Dans le cercle dor à loreille Toujours plus loin
Suivant le vent des morts Cap vers lAfrique

Une photo
Un nom de ville
Un port
Un bar
Et les messages arrivent de tout l’exil
Les souvenirs en nous
Devenus communs à nos
esp
érances éloignées Seules nos mémoires sont là
sur le pont de ce bateau

La mer est moins salée
Que le ressac des larmes
Dans la gorge serrée par le temps

Première vision de la Terre
Voir la Tunisie pour la première fois « Débarquer dans la ville »
Tunis
Respirer lIci
Enfin
Marcher dans une ville nouvelle Une ville blanche
Une ville inconnue
Et pourtant

Je sais où je suis
Je connais les visages
Ce sont toujours les mêmes
Ceux entre deux ciels
Je connais les odeurs
Je connais le chemin
Je connais le goût du café
Je reconnais les voix rocailleuses

Je reconnais les bruits du cœur
Je connais cette chaleur sur la peau du désir Prêt à déambuler
À
caresser le monde
Le sud du sud
À
se frotter aux angles nouveaux
Ici le temps se fume
Le temps
Doublier
peut-être

La tragédie moderne

Oser déranger la tranquillité des êtres
Oser croire en l’avenir

Entendre des notes solaires
Des rythmes ancestraux

Rire de Tout
Pour ne perdre Rien Chaque vers
Comptera pour la suite Ici

Les langues
Claquent au fond de l’âme                                                                               Résonnent
contre les murs

Remontent les marches Une à une de lindicible

Écrivent
Dans la naissance du jour Sur fond bleu et blanc
Des mots sans frontières
Des mots venus des ailleurs

 

 

recueil Tous-Solo

Editions de l’Aigrette – 2024