Patrick Laupin, L’Impasse de l’azur, La Passe du vent Poésie, 2018.

Auteur d’une vingtaine d’ouvrages (poésie, prose, récits, philosophie), Patrick Laupin s’est vu décerner de nombreux prix saluant l’importance de son œuvre : grand prix des gens de lettres en 2014 puis en 2016 le prix Kowalski pour son livre le dernier avenir aux éditions la rumeur libre et au printemps 2018, le prix Robert Gonzo pour l’ensemble de son œuvre.

Né à Carcassonne en 1950, a vécu en pays Cévenol, à la Grand Combe, dans une famille de mineurs. Cette enfance cévenole marque profondément son œuvre. D’abord  instituteur pendant 10 ans et  ensuite formateur de travailleurs sociaux, il a œuvré avec constance dans des lieux et des espaces de lecture et d’écriture, en se mettant à la portée de ceux qui sont éloignés des moyens de comprendre le monde. Patrick Laupin est un écrivain qui, par une profonde conscience sociale, a ouvert des espaces de transmission dans des lieux d’alphabétisation, d’internement, avec des enfants et des adolescents en rupture de lien.

Lire Patrick, c’est s’imprégner de ce rapport au monde. Mais on ne peut le faire sans voir que cette relation à son enfance en pays cévenol lui a forgé un regard et une conscience.

Voici ce qu’il écrit : Je m’intéresse à la lecture et à l’écriture, tout autant qu’au travail avec les autres, depuis le jour où j’ai réellement compris et ressenti que les voix des autres qui parlaient en nous, nous donnaient vraiment quelque chose de mobile et recréateur. Toutes mes phrases sont orientées par ces cartes géographiques et ce climat d’un dialogue entre silence et les voix du monde.

– Le titre s’éloigne de l’écriture de Mallarmé. C’est une esthétique du beau que l’on retrouve dans ses textes : J’en eus marre de la poésie cadenassée, corsetée, étranglée, sans oreille, sans musique, bernée dans la cage du réfléchi.

– Le poète donne à sa solitude la beauté par un regard sur les roses : Les escaliers qui montent ne vont nulle part. C’est le quatrième mur de solitude. On a remis à nu la pierre teintée du perron. Les roses fleurissent.

– Il capte des morceaux d’automatismes mentaux qui le débordent et donnent à son écriture un chant. Il ne cherche pas à esthétiser, à les parfaire, il recueille, telles quelles ou presque, des phrases et les transcrit dans l’ouvrage. C’est la révolte du poète contre l’injustice : Comment vivre dans une société où personne ne lit ? Où la folie répugnante de l’antisémitisme progresse et à grande vitesse ?   

Le poète parle de lui, de ses souffrances passées : la douleur d’exister du corps ancien dans l’instant clamer sa dette au parloir

Des mots, de la nécessité du pardon, de ce qui le conduit dans la vie : la seule chose à faire est d’être digne de ceux qu’on aime.

Beauté de l’image : Deux échalotes tombées sur le trottoir, la dame aveugle avec son chien blanc, les messieurs simagrées du comptoir.

Le recueil de Patrick Laupin, exprime par la beauté de son écriture étincelante, une myriade de sensations, donnant sensibilité aux mots de la fragile condition humaine.

Michel Bret

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