Jean-Pierre Chambon est né en 1953 à Grenoble, où il a travaillé comme journaliste après des études de philosophie. Il a fait paraître une vingtaine de livres, essentiellement dans le domaine de la poésie mais aussi des récits, chez divers éditeurs. Il collabore avec des peintres et des photographes pour des catalogues ou des livres d’artistes, co-dirige depuis 1991 la revue Voix d’encre et participe au projet de la revue Arpentages. Quelques-uns de ses poèmes ont été traduits en espagnol, portugais, italien, anglais, russe, polonais, hongrois, bulgare, arabe. Il a reçu le prix international de poésie francophone Yvan Goll en 1996.
Evocation de la maison grise, Le Verbe et l’Empreinte, 1981.
Matières de coma, Ubacs, 1984.
Les Mots de l’autre (avec Charlie Raby), Le Castor astral, 1986.
Le corps est le vêtement de l’âme, Comp’Act, 1990, réédition 1993.
Le Territoire aveugle, Gallimard, 1990.
Le Roi errant, Gallimard, 1995 (prix international de poésie francophone Yvan-Goll).
Rimbaud, la tentation du soleil, Cadex, 1997.
Carnet du jardin de la Madeleine, Cadex, 1999.
Assombrissement, L’Amourier, 2001.
Goutte d’eau, Cadex, 2001.
Corps antérieur, Cadex, 2003.
Méditation sur un squelette d’ange (avec Michaël Glück), L’Amourier, 2004.
Sur un poème d’André du Bouchet, Jacques Brémond, 2004.
Labyrinthe, Cadex, 2007.
Nuée de corbeaux dans la bibliothèque, L’Amourier, 2007.
Le Petit Livre amer, Voix d’encre, 2008.
Trois rois, Harpo &, 2009.
Tout venant, Héros-Limite, 2014.
Matières de coma, postface de Bernard Noël, Faï fioc, 2016.
Des lecteurs, Harpo &, 2016.
Zélia, Al Manar, 2016.
Un texte de Jean-Pierre Chambon :
Le Chas
S’il dresse l’oreille à la rumeur
d’un pas dans le couloir, au frétillement
d’une aile derrière les volets — ni
mon agitation muette ni les cliquetis
du clavier ne l’atteignent. À quoi bon
cet acharnement à vouloir qu’affleure
l’invisible ?
Le chat n’a pas posé la question.
Il ouvre ferme les yeux — imperturbable.
Dans ses prunelles une serrure se rétracte,
la mèche d’une chandelle morte fissure
l’éclat des gemmes.
À moi aussi le monde
n’est donné que par intermittence.
Pauvres ou surabondants, les mots
dont j’invoque le recours surviennent
par surprise (accident ou artifice).
Par eux rien ne reste impénétrable :
tout est percé — d’un chas, à peine,
où s’insinue le fil de lumière —, tout
sauf la double amande mystique, le regard
du chat roulé en boule sur mes brouillons.
Jean-Pierre Chambon
In Nuée de corbeaux dans la bibliothèque, éditions L’Amourier.